À notre arrivée à Pitalito, Oscar, ostensiblement excité et fier, nous accueille. Notre dernière visite remonte à 2016. Avant de visiter la ferme, deux choses essentielles nous font défaut :
tout d’abord, Ramon et Simon achètent des bottes en caoutchouc noires dans le magasin général de Bruselas et font immédiatement un grand pas vers la vie d’agriculteur. Mais ce qui est encore plus important, c’est l’achat qu’Oscar a fait récemment : pour son mariage imminent, il a acheté un nouveau pick-up pour lui et son exploitation agricole et il a planifié sa livraison pour notre arrivée. Nous serrons de nombreuses mains, sommes à côté d’Oscar lorsqu’il remet l’argent pour son achat et posons pour une photo avec Oscar devant sa nouvelle camionnette. Il nous conduit jusqu’à sa ferme et fait preuve d’expérience, bien qu’il n’ait pas encore de permis de conduire valide. Les dernières minutes du trajet nous emmènent au sommet de la montagne sur une route de gravier extrêmement raide. Nous comprenons maintenant pourquoi nos voitures de location devaient rester au village.

Un légère pluie nous accueille à la ferme d’Oscar. Construite au sommet d’une colline, c’est une maison en bois peinte en blanc et en bleu, que l’on s’attendrait plutôt à voir dans les Alpes qu’au milieu des hauts plateaux verdoyants de Colombie. Nous n’avons guère le temps de profiter de la vue imprenable sur la vallée et les innombrables caféiers, car toute la famille attend notre visite : la mère, les deux sœurs, les nièces et les neveux veulent nous saluer.

Nous avions dit à l’avance à Oscar que nous apporterions nos tentes, mais il fit la sourde oreille. Sa famille a débarrassé toutes les chambres de la maison pour nous. Oscar d’affirmer : « somos familia ». Malgré l’hospitalité exubérante, nous voulons dormir au moins une nuit dans les tentes traditionnelles. Nous peinions à trouver un terrain plat et à cause de la bruine incessante, tout devient humide en un rien de temps. Finalement, nous nous installons au deuxième étage de l’usine de transformation du café d’Oscar. Il fait sec et la vue sur les champs de café ne pourrait être plus belle.

La mère et les sœurs d’Oscar nous appellent pour le dîner. Le premier d’une longue série de repas composés d’ingrédients typiques de la région nous attend. Les portions sont énormes. Celles et ceux qui se restaurent ici ont généralement grand appétit en raison du dur labeur dans les champs.

Après quelques questions incrédules concernant notre nuit sous la tente, Oscar nous fait visiter sa ferme. Mais d’abord, comme tous les matins, il faut retourner le café sur les lits de séchage. Le café est mélangé à la main et à l’aide de glissières en bois afin que tous les grains sèchent uniformément au cours des prochains jours. Cela nous fait plaisir de participer, bien sûr. Très vite, nous remarquons toutefois que ces étapes soi-disant simples doivent être réitérées maintes fois. Nous sentons l’odeur du parche : selon le degré de séchage, les grains développent leur propre parfum de baies, de terre et de fermentation.

Accompagnés de Bruno, le chien de la ferme, nous nous rendons dans les champs de café. Seuls les cerises de café rouges bien mûres peuvent être cueillies, et nous nous rendons compte une fois de plus à quel point la récolte du café sur ces collines escarpées représente un travail conséquent. Au point culminant de sa ferme, Oscar nous montre un petit champ où nous voulons développer un projet ensemble (nous partagerons certainement plus de détails bientôt).



Oscar nous fait visiter son usine de transformation et nous montre le résultat du travail acharné dans son petit laboratoire de qualité. Oscar aspire à améliorer continuellement son exploitation, que ce soit dans la transformation du café ou dans le rapport avec la nature. C’est pourquoi nous prévoyons ensemble une installation de compostage qui nous permettra d’utiliser la pulpe acide des cerises de café comme engrais.


Plus nous passons de temps avec lui, plus nous nous rendons compte à quel point toute la famille dépend des revenus de l’exploitation. Chaque élément (par exemple, l’absence d’engrais artificiels, de pesticides) doit être considéré au regard de son impact économique.
Il nous expose ses projets en détail. Nous convenons que notre partenariat ne se limitera pas à commander du café vert. Nous avons à cœur de soutenir les projets d’Oscar qui promettent une production de café plus durable, tant sur le plan financier que du savoir, grâce à nos connaissances. Nous aimerions également aider Oscar à planter la première variété de café « Pink Bourbon ».
Voilà trois jours que nous sommes à la Finca los Nogales, et nous nous sentons déjà comme des quasi-membres de la famille d’Oscar. Son ambition et son dévouement nous impressionne. Une fois de plus, nous constatons l’amleur du travail à fournir pour produire le café que nous préparons chaque jour dans nos bars à expresso.
Nous quittons la ferme avec le sentiment profond d’avoir déniché quelque chose de spécial qui va au-delà de la qualité du café. Cette visite à la ferme d’Oscar en promet d’autres à l’avenir. Oscar se réjouit de chaque visite de la famille ViCAFE. Il a maintenant un pick-up pour transporter ses invités :-).
